Présentation du projet

Résumé du film

Il est des vies ordinaires, d'autres qui le sont moins, d'autres encore extra-ordinaires. Le récit de nos existences est souvent un parcours à nul autre pareil, mais certaines ont des semblants de destinées. C'est le cas d'Yvan, un petit fils de paysan des Hautes-Alpes, né là, du coté du massif des Ecrins.

Destiné à être ouvrier dans une vallée alpine, ou berger, sans formation, sans diplômes ? Non ! Ce sera autre chose car la passion de la montagne (de futur guide de haute montagne) et le besoin de découvertes par le voyage sont des aimants magnétiques.

C'est le rêve de l'ailleurs, et d'y aller !

Le rêve absolue et ultime pour Yvan, la Terra ultima, c'est l'Antarctique, comme un aboutissement de son parcours de guide, et son parcours de vie. Le dernier continent, le dernier voyage en soi-même.

Mais d'abord, faisons un "détour" par la Cordillère de Darwin en Terre de feu, à l'extrême sud du continent sud américain, pour une expédition difficile. Parsemée d'embuches pour aboutir à un semblant d'échec. Le milieu naturel impose le respect et l'humilité.

Extrême est le mot, même pour la vie des indiens autochtones Yamana dont les quelques survivants témoignent d'un autre âge proche du paléolithique supérieur. Le voyage découvre alors l'Autre, dans un autre espace, un autre temps, un "ailleurs" qui nourrit l'intérieur.

Le voyage vers l'extrême (sud) continue bien au delà du Cap Horn, à bord d'un voilier qui navigue bientôt entre les glaces antarctiques, qui par associations font émerger les souvenirs du petit paysan de montagne.

Souvenirs de glaces comme un leitmotiv, dans les lectures de gamin de "Tintin au Tibet", puis les glaces-souvenirs d'ascensions alpines.

Souvenirs également sur les traces des baleiniers du 19° siècle, premiers exploitants de la ressource fabuleuse sans préoccupations de son devenir, souvenirs aussi des récits d'explorateurs d'exception comme Charcot et Shakelton, pionniers de l'aventure ultime, puis des aventuriers d'aujourd'hui comme Lionel Daudet (alpiniste ami d'Yvan) et la navigatrice Isabelle Autissier qui sont partis ensemble en Antarctique, l'une côté mer, l'autre côté glace comme pôles complémentaires.

Leur récit à quatre mains montre les apports intérieurs du voyage que ce soit des ascensions de sommets par des voies techniques sur glaciers ou l'observation de la faune marine dont la survie est un enjeu planétaire. La beauté antarctique se doit d'être protégée.

Peu importe le but, l'important est le chemin, le parcours de sa vie.

On a skié sur l'Antarctique ! Moments d'exceptions de navigation dans le dédale des iceberg, dans les ascensions à ski de ces massifs dominants la mer, des moments d'intensité qui procurent le sentiment inexplicable de vivre pleinement.

Alors le voyage prend des tournures de sagesse, teintées de poésie glacée, à la contemplation d'un parcours choisi, entre le métier de guide et le voyage en Antarctique les yeux mouillés de bonheur.

"Just one life", il faut la vivre, serait son enseignement.

 

Un film, une intention de réalisation

Nous allons réaliser un film d'aventures différent des films de ce genre, qui sont caractérisés par l'exploit dans une nature hostile, avec prises de risques et dépassement d'épreuves liées à une pratique sportive.

Ce film documentaire va d'abord nous raconter une histoire vraie, celle d'un homme animé par la passion de son métier de guide, l'impératif de transmettre, de partager son savoir, ses expéditions, ses voyages.

Mais il n'est pas seul : les personnes qui accompagnent ces expéditions et les grands aventuriers comme l'alpiniste Lionel Daudet ou la navigatrice Isabelle Autissier participent à cette polyphonie du voyage engagé et du rêve de l'antarctique.

Il s'agit d'un éternel recommencement, une soif inextinguible de partir à la découverte d'une nature sauvage et lointaine. La philosophie affleure alors dans le film, lui donnant une profondeur et un sens porté par des questions concernant le choix de nos existences.

Pourquoi partir, consacrer toute son énergie, son engagement, pour aboutir une vie plus tard au voyage du dernier continent, l'antarctique ?

Quel est le sens de ces départs vers le lointain, l'inatteignable, l'exceptionnelle beauté naturelle ? Aux prix de quels renoncements ?

Avoir conscience que la vie est brève et mérite sans cesse qu'on lui offre le meilleur, comme pour se prouver à soi-même que l'on est maitre de soi et de son existence. Comme une revanche au temps qui passe et au destin assigné à la sédentarité dans un seul lieu géographique, une quelconque vallée alpine pour Yvan ?

Alors, le film accède à une autre dimension, il interroge notre motivation profonde à une vie riche en expériences et émerveillements. Le ou les parcours personnels ont valeur d'exemple, de démonstration que le "voyage" est possible quand il s'agit d'un choix de vie.

Film : le récit

1. Prologue – un voilier en chemin vers l'Antarctique

A bord d'un voilier de 18 mètres, un petit groupe de 6 personnes, plus 2 skippers, et un guide de montagne, Yvan. Ils filent vers la péninsule, le dernier lieu découvert, la terra ultima. Yvan contemple les vols Des damiers du cap lors du passage mouvementé du Drake. Songeur, il se rappelle l'espoir de découvrir l'Antarctique, le rêve inatteignable de sa vie. Une vie de guide aux quatres coins des montagnes de la terre. Que d'altitudes parcourues !

2. Flash-back – le gamin des montagnes (avec images hivernales + archives)

Tout a commencé tout petit pour Yvan, le gamin des Hautes Alpes, dans le massif montagneux des Ecrins. Quel avenir est possible quand on nait dans ces montagnes qui ne vivent que par quelques ingrates stations de ski ? Perchman ou saisonnier, ouvrier d'usine, berger ? Au lycée, le turbulent Yvan est viré, le rebelle commence à s'exprimer. Au service militaire obligatoire, la réaction est épidermique : désertion ! Mal dans sa peau, révolté, "je n'arrivais pas à trouver mon truc, je faisais que des conneries avec une énorme aspiration à la liberté !

Le souvenir des montagnes retentit comme autant d'appels à les gravir. Alors pourquoi pas devenir guide ? Premier rêve !

"Dans cette vie de guide – loin d'être facile et toute simple - , il y a eu des évènements heureux, d'autres dramatiques, on ne fricote pas impunément avec le vide et l'altitude

3. Ushuaia

On retrouve Yvan et son groupe de personnes à Ushuaia en Argentine et Patagonie, immensité qui s’étire à partir de 40° de latitude sud

Symbole ultime de l’esprit pionnier : la Terre de Feu est la grande île (vaste comme 6 fois la Corse) partagée entre Argentine et Chili, qui forme la pointe extrême de l’Amérique du Sud. Ushuaia est considérée comme la dernière frontière civilisée des terres australes, avec 60 000 habitants, à 54° de latitude sud.

C'est aussi le départ des croisières vers l'Antarctique avec un tourisme conséquent : 40.000 personnes approchent « confortablement » mais très « furtivement » cet univers austère et strictement protégé. La moitié des passagers débarquent alors quelques heures, pour une courte escale « souvenir » à Port Lockroy, chaque été austral. Cette toute récente affluence ne ressemble cependant pas (encore) à du « tourisme de masse » car les Tour-operators ont jusqu’ici l’intelligence de maîtriser le phénomène dans le respect d’une charte professionnelle internationale de préservation de l’environnement (IAATO) : agenda coordonné des mouillages à Port Lockroy par exemple évitant « l’embouteillage des navires », gestion stricte des déchets et activités polluantes à bord, etc.

Puis le moment de la préparation du matériel et de l'équipement, avec une liste de course assez vertigineuse.

4. à bord du bateau

Ils quittent Ushuaïa et déjà les souvenirs d'Yvan affluent, il revoit l'expédition qu'il a conduite dans la Cordillère de Darwin.

5. expédition Darwin (avec une carte géographique)

Un groupe de 8 alpinistes aguerris avec Yvan (chef d'expédition) pour un voyage inédit : effectuer la traversée de la Cordillère de Darwin, une zone sauvage, inhabitée, inexplorée, méconnue, un massif montagneux et de glaciers dont il n'existe que des cartes géographiques approximatives. Des scientifiques de l'Agence Nationale de la Recherche les accompagnent pour étudier la prise de décisions de leaders en milieu extrême.

Mais l'expédition prend des tournures inattendues entre les avaries de bateau, les conditions météorologiques parfois épouvantables, les recherches renouvelées d'un passage accessible pour effectuer la grande traversée… qui au final s'avère impossible. Même l'ascension du mont Darwin, le plus haut sommet de la cordillère, est un échec sous une tempête de vent inouï.

Ce sont des principes de réalité avec une nature imprévisible, des risques, des prises de décisions à plusieurs personnes et… le renoncement : devant le wilderness infranchissable, l'humilité s'impose.

6. à bord du bateau pour la péninsule (suite)

On retrouve le Passage de Drake (bras de mer impétueux de 800 km de large qui sépare l’Amérique du Sud et l’Antarctique ) en voilier pendant 4 jours à minima, au lieu de 2 jours en paquebot.

Le skipper Olivier est content de croiser quelques rares bateaux dans ces eaux agitées. On ne sait jamais.

  • propos d'Isabelle Autissier sur la navigation :

Traverser « l’agitation » des 50èmes hurlants, c'est quelque chose  ; puis naviguer avec vigilance et lenteur entre « pack » et « icebergs », une navigation parfois tranquille mais toujours délicate, dans le dédale des îles qui se ressemblent, avec une cartographie approximative… jusqu’à s’approcher (ou franchir) le cercle polaire antarctique, le 66ème parallèle de latitude sud…

Un voilier, c'est un état d'esprit, un déplacement avec l'énergie du vent, non bruyant, non polluant :

l’idée est d’aborder ce monde à part discrètement et dans des conditions un peu spartiates, avec une logistique minimaliste afin de respecter ces territoires fragiles et «d’apprivoiser » la rudesse des éléments… ou les aléas qui font la substance du voyage.

La destination et le style du périple invite ainsi à « composer » avec la vie du (petit) groupe. Un mois de cohabitation !

Embarqués sur le Tarka d’Olivier, une poignée d’hommes et de femmes vivent ainsi une expérience exceptionnelle, une collection d’émotions à la fois intimes et partagées

7. à bord du bateau pour la péninsule (suite)

SHETLAND

Là, des vestige de baleiniers du 19 °siècles, avec des squelettes de cétacés. 1920 est l'apogée de la chasse à la baleine; les navires britanniques ou norvégiens installent des « usines à huile » sur les îles des Malouines (Falklands) ou de Géorgie du Sud, par 54° de latitude sud et jusqu’à l’archipel des Shetland du Sud (62° latitude sud).

C'est aussi le temps des grands explorateurs :

1820-21 : un capitaine de la marine impériale russe et un marin américain aperçoivent puis abordent le bout de la Péninsule du continent Antarctique pour la 1ère fois ! Ils sont donc les « découvreurs » du 6ème continent !

1840 : l’officier et explorateur français Jules Dumont d’Urville plante le drapeau tricolore, en abordant la côte opposée de l’Antarctique, baptisée la Terre Adélie !

D’anonymes mais intrépides chasseurs de phoques et de baleines « hantent » déjà le littoral du continent blanc et les îles solitaires des « 60èmes rugissants » !

1905 et 1910 : l’explorateur français Jean-Baptiste Charcot, médecin et chercheur, officier militaire réalise avec son équipage 2 hivernages.

1914-1917 : Ernest Shakleton, britannique illustre enchaîne les « aventures extraordinaires », les naufrages et les hivernages ; il tente sans succès la traversée terrestre de l’Antarctique puis finit par mourir d’une crise cardiaque lors d’une escale sur une île de Géorgie du Sud.

1956 : Paul-Emile Victor dirige la 1ère de ses nombreuses expéditions en Antarctique, et installe la 1ère base scientifique française (Dumont d’Urville) en Terre Adélie (côté opposé à la Péninsule).

Et un pilote américain se pose sur le plateau glaciaire du Pôle Sud géographique… que personne n’avait rejoint depuis 45 ans !

à bord du bateau en route pour la péninsule : suite

8. Antarctique: débarquement, premières sorties à ski, en se méfiant des crevasses

Une sortie grandiose par beau temps et une deuxième par mauvais avec l'impératif de sécurité.

Le continent immense (14 millions de km2), grande comme 25 fois l’hexagone, est plus vaste que l’Europe entière, et recouvert quasi totalement d’un inlandsis (calotte de glace de 1,5 km d’épaisseur !), et compte seulement 70 points de vie environ (saisonniers ou permanents) : des bases exclusivement scientifiques (de 10 à 80 personnes) qui abritent de 1.500 (en « hivernage ») à 4.000 personnes par an.

Les innombrables sommets « accessibles » du littoral de la Péninsule et des îles voisines, affichant entre 1.000 et 2.000 mètres d’altitude, sont méconnus et très peu précisément cartographiés.

9. Flash-back – Antarctique avec Lionel Daudet: et sa philosophie de sa pratique et son voyage avec Isabelle Autissier: nombreuses premières de sommets par voix d'alpinisme, en glace.

Le point culminant du 6ème continent est le Mont Vinson (4.892 m d’altitude, juste « au-dessus » du Mont-Blanc !) se situe « en bordure du grand plateau continental » et n’a été gravi qu’en 1966 pour la première fois. Depuis, seulement un millier de grimpeurs l’ont grimpé. Il est donc six fois moins « fréquenté » que l’Everest, toit du monde himalayen, pourtant à 8.848 m !).

Dans un contexte d’isolement hors-normes, la prise de risque n’est aucunement l’objectif, mais de fait, la sécurité des alpinistes et navigateurs reste précaire : l’alerte et l’opération de sauvetage ne se déclenche qu’en cas « limite », lorsque la survie est en jeu. Quelques équipages militaires installés sur les îles Shetland du Sud avec des hélicoptères et un « hôpital de campagne » OU la solidarité maritime entre rares navires de passage restent les seuls moyens de sauvetage ! Pas d’évacuation de confort  en hélico pour une « simple entorse » comme dans les Alpes. Ici, peu de recours possible aux secours

10. Flash-back – Antarctique avec Isabelle Autissier en séquence secondaire : navigation, fascination antarctique, protection écosystèmes et faune - surexploitation baleines jadis – menaces inouïes sur les pôles par le réchauffement fonte des glaces et conséquences planétaires - et approche philosophique

Le « pack » désigne une mer recouverte de fragments de glaces flottantes mais non figées, encore navigable (avec finesse !) ; tandis que la banquise (ice-pack), plus près des côtes, est une surface plus dense et quasi-immobile, emprisonnant les embarcations.

Quant aux icebergs de l’Antarctique (dont la taille « record » peut atteindre la superficie d’un département français !), ils dérivent tout autour du continent, après s’être déchirés, détachés des glaciers géants qui « glissent » en lisière de l’inlandsis et « flottent » littéralement sur la mer littorale. Ce phénomène étonnant s’appelle une « barrière ». Le meilleur exemple, et là où nombre d’expéditions ont eu lieu, en est la barrière de Ross… vaste comme la France !

11. Yvan , sortie à ski mémorable – conclusion

"A chacun son antarctique " il faut juste découvrir sa voix, exprimer sa voie (rebelle ) la vie est belle : il faut la mener